‘Connaître, c’est comprendre toute chose au mieux de nos intérêts. »

                                                                                         Friedrich Nietzsche

‘’ Qu’aurais-je voulu apprendre de l’école ? ‘’                                     ‘’ Comment aurais-je voulu que l’on me l’enseigne ? ‘’

Deux questions fondamentales

Il y a plusieurs chemins pour accéder à la connaissance, plusieurs degrés d’efficacité dans son acquisition et dans sa transmission.

En termes d’efficacité pure, il semble de plus en plus évident que plus un individu trouve du sens dans ce qu’il fait, plus il apprend efficacement. D’ailleurs, à partir d’un certain degré d’intérêt, le mot apprentissage devient désuet et l’individu intègre les connaissances sans s’en rendre compte. Nous avons tous des connaissances dans domaines qui nous passionnent, des connaissances que nous n’avons pas l’impression d’avoir dû ‘’apprendre’’, mais plutôt des connaissances que nous avons intégrées de manière tout à fait naturelle. Ce processus naturel d’apprentissage fait partie de l’humain, la faculté d’apprendre est innée.

Selon comment on s’y prend, on peut donc, soit soutenir ce processus naturel d’apprentissage, soit l’endiguer.

Lorsqu’on pense l’école, on devrait donc d’abord penser à comment soutenir ce processus naturel, et penser à comment exploiter la curiosité naturelle de l’enfant. Le fait d’adapter les apprentissages à des situations concrètes en lien avec la vie quotidienne de l’école permet de faire un lien direct entre théorie et application, et surtout, de donner de réelles compétences opérationnelles aux enfants.

On peut considérer qu’il y a deux grands volets dans la connaissance générale :

En premier il y a la connaissance théorique consensuelle de base proposée par l’école, celle qui permet de passer des diplômes reconnus par l’establishment et de s’insérer dans la vie active de façon plus ou moins pertinente.

Puis, en second, il y a la connaissance de soi-même et du monde qui nous entoure, qui s’acquière au fur et à mesure des expériences que la vie propose, qui permet de construire sa vie de façon à se rapprocher au mieux de son idéal de vie. C’est la notion de sagesse et d’expérience.

Et si on pouvait gagner en efficacité sur les apprentissages consensuels de base, tout en entreprenant l’apprentissage de soi et du monde par des activités adaptées ?

La question ouverte est alors : Comment imaginer l’école pour qu’elle permette cela ?

Le projet :

Apprendre à lire, à écrire et à compter sont des apprentissages fondamentaux. En plus de ces apprentissages, il y a les objectifs proposés par le plan d’étude roman (PER). Et à côté des objectifs du PER, il y a d’autres possibilités d’apprentissages qui sont liées à l’infrastructure disponible, aux enseignants disponibles,  au temps disponible, et surtout, à la vision éducative de l’école.

Pour gagner en efficacité sur les apprentissages de base, l’école doit réussir à mettre du sens dans tous les apprentissages.

C’est quoi mettre du sens dans les apprentissages ?

C’est construire tous les apprentissages autour d’une situation de vie concrète où l’enfant comprenne de lui-même pourquoi il est important qu’il acquière cette compétence. Ce devrait être là tout l’enjeu de l’école.

Pour trouver du sens dans ce qu’il fait, l’enfant doit impérativement comprendre ce qu’il fait, et quel est le sens derrière. Sans sens, l’enfant va quand-même faire ce qu’on lui demande la plupart du temps, mais il le fera pour satisfaire l’adulte essentiellement. Ceci étant relié à sa plus grande peur d’enfant, celle d’être abandonné. C’est à ce moment qu’on perd l’intérêt des apprentissages.

Lorsque l’on compare les formations d’enseignants et les formations d’éducateurs, on s’aperçoit qu’il y a un fossé entre l’accompagnement d’un enfant en dessous de 4 ans en structure d’accueil et un enfant en âge de scolarité à l’école. En effet, les éducateurs sont formés à accompagner l’enfant dans son développement personnel globale, que ce soit le cognitif, le moteur, la socialisation, la reconnaissance de ses émotions, les règles de vie, les valeurs morales, l’estime de soi, etc… Tout est centré sur l’identité et la développement globale de l’individu. Puis à 4 ans au passage à l’école, l’approche change fondamentalement. L’école priorise le développement intellectuel et y parvient partiellement. Le développement intellectuel est louable et souhaitable, mais non exhaustif puisque l’enfant doit être également être considéré dans sa dimension personnelle, l’un et l’autre allant de paire pour permettre à l’enfant d’apprendre efficacement.  De gros efforts ont été fait ces dernières années concernant le contenu des programmes et les enseignants font un travail remarquable. Cependant, c’est bien la forme d’enseignement, la posture de l’enseignement et les outils y relatifs qui permette d’aborder la dynamique de classe différemment.

Qui accompagne les enfants  dans leur développement personnel ? Dans un monde idéal c’est évidemment aux parents de prendre une partie de ce rôle, et ils le font, bien entendu. Cependant toutes les familles ne disposent pas des mêmes ressources, en termes de temps disponible, de matériel ou encore de connaissances techniques sur le développement de l’enfant et de l’individu en général. Les parents sont aussi des supers héros, conjuguer vie de famille, vie privée et vie professionnelle avec l’éducation des enfants est un défi de taille.

A 4 ans donc, presque plus d’éducation, l’école transmet des savoirs, des connaissances, de façon plus ou moins efficace, et n’apprend pas à se connaitre soi- même, à poursuivre le chemin du développement de son identité. Pourtant, à 4 ans, l’enfant n’a pas fini de grandir, n’a pas fini de se développer. Au contraire, c’est là que tout commence, et plus ils grandissent, plus les enjeux éducatifs deviennent importants. Jusqu’à l’âge adulte, il y a tant à comprendre sur soi et sur l’extérieur. Gérer son capital santé, ses relations sociales,  gérer ses conflits, se relever d’un l’échec, apprendre la confiance en soi, la motivation, la détermination, se passionner, transmettre sa passion, développer ses valeurs morales, ses valeurs personnelles. Comprendre les enjeux du monde environnant, gérer ses finances, apprendre à entreprendre, apprendre à apprendre, etc.

Finalement, la forme d’évaluation actuelle de l’enfant avec le système de notation nous permet de déterminer sa capacité à montrer qu’il a compris le contenu du cours sur un moment donné. Mais qu’en est-il du taux de rétention d’informations ? La bonne note permet-elle à l’enfant d’avoir compris en substance l’intérêt fondamental derrière le contenu du cours ?  Est-ce que la capacité d’un enfant à montrer qu’il a compris le contenu d’un cours est une compétence pour lui-même ? Est-ce qu’apprendre à avoir des bonnes notes est une réelle compétence pour la vie en dehors de l’école ? Qu’en est-il de l’enfant qui ne réussi pas à avoir la bonne note ? Finalement, acquérir une connaissance ou une compétence en pouvant mesurer l’intérêt réel pour soi devrait être l’enjeu majeur de tout apprentissage. Ici encore, on retrouve l’importance de donner du sens aux apprentissages en les couplant autant que possible avec une activité ayant un lien réel et direct sur leur vie quotidienne

La Réalité du quotidien :

Afin que l’enfant puisse trouver du sens dans ce qu’il fait, et dans sa vie en général, il doit comprendre la logique de l’organisation de son quotidien. Pourquoi je me lève tous les matins pour aller dans ce lieu ? Que vais-je y faire d’utile pour moi et pour les autres ? Pourquoi on me demande de faire ça ? Le sens derrière ces questions vient naturellement lorsque l’enfant comprend les enjeux derrière l’organisation du quotidien.

Ainsi, autant que possible l’enfant doit être impliqué dans la réalité de l’organisation de la vie de la structure. Plus on tisse de liens entre l’enfant et son implication dans son lieu de vie, plus l’enfant trouve du sens derrière de ce qu’il fait.

Ainsi, en ce sens, un exemple d’outil parmi tant d’autres pour impliquer l’enfant dans l’organisation du lieu de vie peut être la participation ponctuelle ou régulière à l’organisation des repas. Cela va de la conscience de l’origine des aliments à la préparation finale dans l’assiette. Ainsi, l’enfant pourra être impliqué dans le processus suivant :

De quels aliments a-t-on besoin aujourd’hui ?  Quelle quantité ? Ou-est-ce qu’on va les chercher ? comment ? Est-ce qu’il faut payer ? Combien ? Comment ? Est-ce qu’on doit calculer quelque chose ? Peser ? Est-ce qu’ils viennent du notre jardin ? Si oui, qui va les chercher ?  C’est quoi manger équilibrer ? Comment on cuisine tel ou tel aliment ? etc..

Ainsi l’enfant peut mesurer tout ce qu’il a fallu mettre en en œuvre pour préparer le repas. Il a pu participer à l’élaboration. Il peut ainsi en retirer de la fierté, pour lui-même et envers le reste du groupe. Et va déguster son repas avec une toute autre implication, mais surtout, aura saisi le sens derrière ce moment.

Impliquer les enfants dans les processus de décisions de la vie de l’école, et de la vie de classe, c’est leur permettre de devenir acteurs de leurs apprentissages, et donc, acteurs de leur propre vie, ce qu’on leur souhaite pour plus tard évidemment.

Les Projets :

Remettre le projet au centre est le moyen le plus pertinent de remettre du sens dans tous les apprentissages. Autour d’un projet on peut développer toutes les disciplines, toutes les matières scolaires. L’enfant apprend en comprenant ce qu’il fait, et pourquoi il le fait, tout en le vivant de l’intérieur puisqu’il participe au processus dans sa globalité.

Exemple : Un projet de vêtement. Dites à un enfant qu’il va pouvoir fabriquer son propre vêtement et regardez ses yeux briller. La plupart du temps cela suscite la curiosité et l’intérêt chez l’enfant, pour autant que l’adulte soit autant motivé par le projet. Cela lui offre la possibilité de se projeter dans le processus de fabrication, l’attrait pour la nouveauté, avec l’engouement pour la découverte, reliée au fait qu’il va pouvoir emmener son vêtement à la maison, qu’il sera à lui, qu’il va pouvoir le porter ensuite, quelle fierté.

En 1 : On suscite l’émerveillement, la curiosité, le défi, l’intérêt, l’envie.

En 2 : On utilise tout ce qu’il y a autour du projet pour en tirer des apprentissages :

Pour faire un vêtement il faut du fil, du tissu, oui mais combien ? On fait des maths, on calcul, les longueurs, les centimètres carrés, on comprend à quoi à ça sert, le sens derrière le calcul, et l’utilité finale. Et une fois la compétence acquise, l’enfant pourra la réutiliser tout au long de sa vie pour diverses applications car il en aura compris la substance.

Il faut commander le tissu. Où ça ? Comment ça ? Chez qui ? Comment on contact le fournisseur ? Par mail ? par courrier ? Sait-on se servir d’un ordinateur ? Sait-on rédiger une lettre ?   »Aah ça sert à ça d’apprendre à écrire ?! d’accord. »

Comment on paye le tissu ? D’où vient l’argent ? Quel budget ? Quel choix de tissus ? Quand a été inventé le tissu ? Pourquoi, comment ont évoluées les différentes techniques de tissage au fil du temps ?

Est-ce qu’on sait coudre ? Comment on apprend ? Où est-ce qu’on va chercher la connaissance ? Dans un livre ? Dans un tuto vidéo ? On fait intervenir une couturière professionnelle qui nous transmet sa compétence ?

L’enfant est impliqué dans tous ces processus de réflexion. Donc, rien qu’avec un vêtement on peut : faire du français, des maths, de la géométrie, découvrir les artisans de la région, explorer, de la motricité fine, développer sa créativité, suscité de la fierté, susciter de l’autonomie, de la résilience personnelle, apprendre l’histoire, et pourquoi pas, susciter des vocations. La cerise sur le gâteau est de voir l’enfant porter son propre vêtement avec toute la fierté du monde dans le regard, cette fierté si précieuse comme nourriture pour avancer dans la vie, la satisfaction personnelle, le besoin de créer, le besoin d’accomplissement.

Si on peut faire ça avec un projet de vêtement, les possibilités offertes par les ressources d’une école toute entière sont infinies. On peut bâtir quelque chose de durable qui servira à l’enfant toute sa vie.

Pour l’adulte comme pour l’enfant, l’aboutissement d’un projet génère de la confiance en soi. ‘’ J’ai été capable de ‘’. ‘’ Je découvre mon potentiel, je prends conscience de mes capacités. ‘’

Quel meilleur moteur que la confiance en soi pour avancer dans la vie ? Connaitre ses compétences, savoir qu’on peut en acquérir de nouvelles, c’est tout qu’on souhaite aux enfants.

Le plan d’étude roman :

Pourquoi suivre les objectifs du plan d’études roman ?

Un déménagement, un changement de projet ? L’enfant doit pouvoir en tout temps intégrer une autre école et s’y retrouver si d’aventure cela devait être le cas. Pour cette raison il est important d’avoir un socle commun au niveau fédéral, c’est d’ailleurs une prérogative pour les écoles privées en Suisse.

Les objectifs du PER sont pour la plupart pertinents, c’est la manière de les travailler qui peut nécessiter une réflexion. Comment on remet du sens dans chaque apprentissage ? En prenant chaque objectif du PER et en construisant sur mesure une activité qui fasse sens pour l’enfant.

Vous l’aurez compris, remettre du sens et du mouvement au travers des projets fait donc parti des valeurs fondamentales. Chaque objectif du PER est donc passé en revue afin de définir les projets qui vont permettre de les travailler.

Chaque enfant a donc son propre classeur de suivi des objectifs, que l’enseignant tient à jour aussi régulièrement que nécessaire afin d’avoir un suivi des apprentissages. Ce qui permet de faire de l’individuel si besoin afin de combler les lacunes, afin qu’aucun enfant ne soit laissé de côté.

L’enfant doit sortir de l’école avec un diplôme lui permettant de poursuivre vers des hautes écoles, si tel est son souhait.

Autodétermination :

L’autodétermination est un concept employé dans le jargon éducatif et social. Cela signifie :  la capacité d’un individu à faire des choix en pleine conscience de ce qu’ils impliquent pour lui-même. C’est la capacité d’un individu à faire des choix qui assureront son bien-être, de manière autonome et indépendante en tout connaissance de cause. Pour ceci, l’individu doit atteindre un degré suffisant de connaissance et d’autonomie.

Quelles connaissances et quelles compétences souhaite-t-on donner aux enfants pour leur permettre d’être autodéterminés dans le monde du 21ème siècle ? La compétence la plus précieuse semble être la capacité d’aller chercher la connaissance par soi-même, d’apprendre en autodidacte, et d’avoir une soif de connaissance pour le fonctionnement du monde qui nous entoure. Ainsi, à partir d’un certain degré de capacité à agir en autodidacte, l’individu peut atteindre ses objectifs de vie de manière autonome.

La capacité à être résilient, à s’adapter aux circonstances, à prendre les devants pour améliorer son quotidien deviennent des enjeux de plus en plus présents à mesure que le monde évolue. Nul ne sait de quoi sera fait demain, mais la liberté d’un individu est fondamentalement liée à sa capacité à comprendre les mécanismes sociaux, technologiques et économiques.

Les Pédagogies alternatives :

Maria Montessori ou Célestin Freinet ? De nombreux pédagogues ont apporté leur pierre à l’édifice de l’éducation, chacun à sa manière, avec leurs qualités et leurs défauts respectifs. Leurs points communs étaient leur capacité à observer les enfants, et d’en tirer des conclusions par rapport à leurs propres observations et leurs propres expériences. C’est un processus de travail qui demande une grande liberté et une grande implication. Aujourd’hui, le meilleur moyen pour bâtir l’école la plus pertinente possible est de prendre ce qui nous parait le meilleur dans chaque pédagogie, et de laisser ce qui nous parle moins. Fort à parier que ces pédagogues qui ont marqués leur temps, comme tant d’autres aujourd’hui, n’ont pas voulu que l’on fasse de leur pédagogie quelque chose de figer, mais au contraire, quelque chose en mouvement. Le monde évolue, l’humain évolue, l’école doit s’adapter au changement de paradigme, car nous continuons de comprendre et d’apprendre sur nous-même et sur le monde qui nous entoure. La nature n’a pas fini de nous livrer tous ses secrets. Nous continuons d’apprendre sur le fonctionnement de notre cerveau et de nos organismes.

Dans la série dans grands pédagogues nous pourrions également citer Céline Alvarez pour son travail auprès des enfants, qui a notamment su intégrer l’étude des neurosciences dans ses travaux.

Howard Gardner, les intelligences multiples :

Howard Gardner a tenté de théoriser les types d’intelligence de l’individu. La bonne question à se poser est donc : L’école permet-elle de développer toutes ces intelligences de manière optimale ?

Nous pourrions citer encore Albert Einstein qui disait :

 « Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide. »

Éducation à la vie :

Le choix le plus pertinent serait de dire que ce sont à tous les intervenants auprès de l’enfant de proposer des visions éducatives adaptées en fonction des stades de développement. Ainsi, la tenue d’une classe semble devoir être proposée par des personnes aux formations complémentaires. Un éducateur et un enseignant semble est certainement le minimum dont le groupe d’enfant a besoin.

Ainsi, dans la notion d’éducation on pourrait trouver : Apprendre à se connaitre soi-même, comprendre les émotions humaines, apprendre la communication, les relations sociales, les codes sociaux, la psychologie, la notion de respect, apprendre à développer une pensée critique, un ressenti, apprendre à gérer un capital, apprendre à entreprendre, apprendre à sentir ce qui nous anime, et enfin, apprendre à trouver sa place au sein d’un groupe.

L’école publique fait des tentatives en ce sens, mais tout est morcelé en périodes qui sont décorrélées d’un projet global. Quand on organise l’école de façon à ce qu’elle soit un lieu de vie, chaque situation devient propice à un apprentissage, et l’enfant met de du sens derrière l’importance d’apprendre. L’intérêt d’apprendre vient lorsqu’on doit résoudre un problème qui est directement lié avec une situation concrète réelle du quotidien.   » Je vois que je ne sais pas faire, je comprends pourquoi c’est important que j’apprenne à la faire  ».

Le Jeu :

D’un point de vu primitif, le jeu est fondamental par nature. Chez toutes les espèces animales, la survie du jeune est liée aux compétences qu’il va développer par le jeu. Savoir courir et sauté, vont directement impacter ses capacités à chasser ou s’échapper, et donc, survivre. Chez l’homme, il semble tout autant naturel que les apprentissages passent par le jeu. Le jeu induit le mouvement, donc le développement psychomoteur, mais pas seulement. Tout le développement mental et cognitif ainsi que la capacité à résoudre des problèmes viennent de la capacité à jouer. Les enfants découvrent le monde par le jeu, ils sont naturellement programmés pour avoir envie de jouer. Leur développement dépend de leur capacité à jouer. L’attrait pour le jeu fait intrinsèquement partie de l’ADN humain, la curiosité et le plaisir étant associés pour aboutir à un apprentissage.

Il semble donc évident que le jeu doive occuper une place fondamentale dans le parcours scolaire d’un enfant, que ce soit le jeu de rôle, le jeu symbolique, le jeu sportif, le casse-tête, le jeu de société, le jeu de stratégie, le jeu libre, le jeu de coopération etc …

C’est la définition du mot Ludique. A travers un jeu, l’enfant apprend sans s’en rendre compte, cherche à s’améliorer de lui-même, peut mesurer sa progression, et vivre des émotions.

S’il est amené intelligemment, le jeu est un formidable atout pédagogique.

Le temps de vie :

Si l’on considère le temps de vie de 0 à 18 ans comme le quart de la vie de l’être humain, cela représente une période non-négligeable en termes de proportion dans une vie. C’est 25%. Ce temps est donc précieux et a tout autant de valeur que n’importe quel autre temps. Il faut donc en prendre soin. Les expériences acquises pendant ce temps vont rayonner ensuite pour le reste de la vie de l’individu. Au plus tôt on acquiert une compétence, au mieux on perfectionne cette compétence au fil du temps. Au plus on a d’expériences, au plus on peut sentir ce qui nous fait vibrer en tant qu’individu et au mieux on peut sentir la voie que l’on souhaite emprunter. Le temps de vie 0 à 18 ans doit donc offrir des expériences riches de sens, riches d’émotions positives, c’est un temps de vie précieux. Il est difficile de demander à un enfant de choisir une voie alors qu’il a peu ou pas expérimenté la vie, l’école doit offrir de l’expérience.

La musique, et l’art en général :

Au-delà de l’importance de la musique en tant qu’art à part entière, véhiculant des émotions et inspirant les humains, la musique est aujourd’hui considérée d’un point de vue neuroscientifique comme un allié au développement de l’enfant.

En effet, l’art musical a un impact significatif sur le développement cognitif des enfants. Des études ont démontré que la musique contribue au développement de différentes compétences cognitives, notamment :

  1. La consolidation de la mémoire à long terme : La musique aide à renforcer la mémoire à long terme en associant des informations à des mélodies et à des rythmes.
  2. La stimulation de la créativité : La musique encourage les enfants à développer leur créativité en explorant la diversité des mélodies et des rythmes.
  3. Le développement de la coordination visuo-motrice: Les activités musicales telles que la percussion, le piano, la guitare etc contribuent à développer la coordination visuo-motrice chez les enfants.
  4. La promotion du développement linguistique : La musique aide les enfants à comprendre les mots et les sons, ce qui peut entraîner une amélioration de la compréhension de la langue.
  5. La stimulation de la compréhension mathématique : La musique est souvent structurée selon des rythmes complexes, ce qui peut aider les enfants à comprendre les concepts mathématiques.

En clair, le développement de l’intelligence est fondamentalement lié à la capacité de performer dans des arts. On peut l’expliquer de différentes façons mais si on se place du point du vue scientifique, les zones du cerveau liées à l’art sont interconnectées avec celles du cognitif, et se développent conjointement. Elles sont interdépendantes et ont besoin l’une de l’autre, comme toutes les zones du cerveau. L’humain doit ainsi être considéré d’un point de vue global.

Dans les arts, on pourrait également parler du théâtre qui est une formidable école de la vie, apprendre à s’exprimer est fondamental. Lors de l’étude de l’interprétation d’un personnage, c’est tout un processus d’analyse psychologique et sociologique qui se met en place.

Le corps :

Si l’on considère l’être humain dans sa dimension physique et mentale, il semble donc important de pouvoir prendre soin de ses deux aspects de manière équitable, avec autant de considération pour l’un comme pour l’autre, les deux entités fonctionnant en synergie et étant intrinsèquement liées. Un mental harmonieux facilite une bonne santé physique, et une bonne santé physique favorise un mental harmonieux.

En ce sens, il parait donc fondamental d’apprendre aux enfants à prendre soin de leur corps à travers des exercices qui favorisent la longévité, s’inscrivant dans une logique de conservation des bonnes capacités physiques sur le long-terme. L’intention est de garder le corps souple avec un bon tonus musculaire. Pour une efficacité optimale, l’intégration de cette pratique doit se faire dans le quotidien à travers une routine journalière, qui peut être imaginée en début de matinée et en fin de journée.

Ramener de la conscience dans le corps c’est ramener de la présence à soi, au moment présent, et donc, être plus ancré dans sa journée.

L’organisation de la journée doit permettre à l’enfant d’avoir assez de mouvement, autant que le développement physiologique l’exige.

Il est intéressant d’observer que l’humain attend souvent d’être au pied du mur avant de s’intéresser à un domaine particulier, il attend d’être malade avant de s’intéresser à son alimentation, il attend d’avoir mal au dos avant de s’inscrire à un cour de Yoga. Quoi de plus évident que l’école pour apprendre les clés fondamentales de la santé ?

L’exploration :

A l’image du jeu, le besoin d’exploration est fondamentalement ancré en l’humain. C’est bien l’attrait pour la découverte de son environnement qui a poussé l’homme à chercher à comprendre davantage, à voyager, à évoluer. L’école permet-elle à l’enfant de répondre à son besoin d’exploration ? Est- ce que finalement, vouloir donner trop de connaissances prédigérées, n’atrophie pas la capacité de l’individu à découvrir par lui-même ? Apprendre à découvrir par soi-même est également un processus d’apprentissage qui doit être soutenu, ou du moins, qui doit être permis par l’organisation structurelle de l’école.

L’exploration, c’est aussi apprendre à connaitre son terroir, les traditions, les acteurs de la vie locale, les sites historiques. L’exploration permet de casser la routine, de partir à l’aventure en groupe. Vivre l’aventure en groupe permet de créer du lien entre tous les membres du groupe car on se découvre dans des contextes inconnus. L’inconnu permet de découvrir des parties de soi alors inexplorées.

Les 5 types d’apprentissages :

On distingue généralement 5 types d’apprentissages chez l’être humain.

  1. Apprentissage par essai-erreur: Les enfants apprennent en effectuant des actions et en constatant les conséquences. Si une action aboutit à un résultat souhaité, ils sont plus enclins à la reproduire dans le futur. Si une action aboutit à un résultat non souhaité, ils peuvent en tirer des leçons pour éviter de la reproduire à l’avenir.
  2. Imitation : Les enfants apprennent en imitant les comportements et les activités des personnes significatives dans leur vie, comme les parents et les frères et sœurs, les pairs, les enseignants…
  3. Apprentissage par observation : Les enfants peuvent apprendre en observant les actions et les conséquences des autres, sans nécessairement les imiter.
  4. Apprentissage par renforcement : Les enfants peuvent apprendre en réponse à des renforcements positifs ou négatifs, tels que des récompenses ou les sanctions.
  5. Apprentissage par l’expérience : Les enfants peuvent apprendre en vivant des expériences concrètes, telles que des activités pratiques en classe ou des excursions.

Les apprentissages doivent donc être organisés de manière à permettre à l’enfant d’explorer tous ces types d’apprentissage. Le matériel, les infrastructures, et les projets doivent donc être adaptés en conséquence.

L’enjeu de l’école pour le jeune enfant :

De toute évidence, du point de vue de l’enfant et de l’adolescent, l’enjeu de l’école n’est pas scolaire, mais SOCIAL. L’enfant vit sa vie d’enfant et les enjeux sont pour lui : Prendre sa place au sein d’un groupe et développer sa personnalité. Comment l’école prend soin de ses aspects fondamentaux du développement de l’enfant aujourd’hui ? Le fonctionnement interne d’une classe favorise-t-il l’apprentissage de la socialisation ?

Lorsqu’on vient à l’école pour vivre une journée ensemble avec des objectifs communs, conçus autour de moments visant à favoriser les interactions, c’est là qu’on développe les apprentissages sociaux.

Les notes :

Attardons-nous sur la notion de note et sur ce qui se joue chez l’enfant. Qu’est-ce qui motive l’enfant à avoir une bonne note ? Le besoin de satisfaire l’adulte essentiellement ( professeur ou parent ). Et le fait de ne pas vouloir perdre ses amis en redoublant un niveau. Cela ne part donc pas du bon endroit, on passe complètement à côté de la notion fondamentale de la motivation de base. Au lieu de se concentrer sur le côté fondamentalement intéressant d’un apprentissage, l’enfant va focaliser sur l’importance de la note, et donc, perd l’intérêt pour la connaissance au profit de l’intérêt pour la note. On apprend des chiffres par cœur, qui seront obsolètes quand l’enfant sortira de l’école dans le meilleur des cas, ou que l’enfant aura oublié.

En réalité, ce qui se joue actuellement est la situation suivante : l’enfant doit avoir des notes suffisamment bonnes pour passer les niveaux, sinon il redouble. Ce qui induit chez l’enfant un stress, non pas positif, mais un stress négatif, car les enjeux autour d’un redoublement sont sociaux, du point du vue des amitiés, mais aussi du point de vue du rapport de l’enfant à ses parents, en lien avec la notion de reconnaissance et d’exigence, reliée à la peur atavique d’être abandonné.

L’évaluation de l’enfant doit se faire de manière continue par ses enseignants. Les adultes enseignants doivent savoir où en est dans l’enfant dans l’acquisition de ses compétences par l’observation directe et l’évaluation. Chaque enfant doit être suivi individuellement dans l’acquisition de ses connaissances, et être guidé de manière individuelle quand c’est nécessaire avec des activités qui lui sont spécifiquement adaptées.

Ne pas mettre de note ne signifie pas ne pas évaluer. Si le but d’une évaluation est de permettre à l’enseignant de connaitre le niveau de l’enfant, il est tout à fait possible de le faire sans donner une note à l’enfant qui induira un jugement de valeur. L’évaluation doit permettre de repérer les lacunes chez l’enfant et de pouvoir lui donner les outils en conséquence pour combler ses lacunes. Ceci permettant d’amener chaque enfant au niveau souhaité.

L’art d’enseigner c’est aussi savoir pousser un enfant à sortir de sa zone de confort, à dépasser son niveau actuel et à progresser dans le respect de son intégrité.

L’organisation structurelle de la classe qui doit permettre aux enseignants d’avoir des moments en individuel ou en petit groupe avec les enfants.

Le rythme de l’enfant:

Il est facilement compréhensible de concevoir que tout un chacun évolue à son propre rythme, ainsi, que se passe-t-il lorsque qu’on essaie de tout apprendre à tous les enfants en même temps ?

On freine ceux qui serait capable d’aller plus loin, et on va trop vite pour ceux qui aurait eu besoin de plus de temps pour comprendre.

Lorsque que l’on fait du sur mesure, on permet à l’enfant d’exploiter son rythme d’apprentissage à son plein potentiel.

L’Élève en position d’enseignant :

Avez-vous déjà observé un enfant prendre soin de plus petit que lui ? Parfois cela se fait de manière naturelle, d’autres fois, l’adulte peut initier cela, en demandant au plus grand de prendre soin d’un plus petit. Par exemple, de l’aider à mettre sa veste lors de l’habillage ou de lui expliquer quelque chose.

Quand l’alchimie prend entre les deux enfants, l’enfant qui aide en retire généralement une grande satisfaction personnelle, une grande fierté en termes de responsabilité acquise, la fierté et la valorisation personnelle étant des moteurs principaux dans la vie. L’enfant qui reçoit l’aide se sent rassuré, entouré, se sent en lien avec ses pairs et trouve du sens dans les enjeux autour du mot ‘’ grandir ‘’.

Le fait de devoir expliquer quelque chose à quelqu’un, implique que nous devions nous-même l’avoir bien assimilé, et tandis que nous l’expliquons, nous perfectionnons notre compréhension de la connaissance en question. C’est ce processus qui se joue lorsqu’on met l’enfant en position d’enseignant. Être en position d’enseignant, c’est aller un peu plus loin la connaissance. Albert Einstein disait encore : ‘’ On ne peut expliquer simplement quelque chose que l’on n’a pas compris ‘’. En transmettant une connaissance, en la rendant accessible à la compréhension, c’est le moyen de s’assurer qu’elle est bien assimilée pour soi-même.

L’implication des parents :

Sans aucune obligation, la possibilité est offerte aux parents, chacun à sa mesure, de pouvoir s’impliquer dans la vie de l’école et d’agir directement sur le cursus scolaire de ses enfants. Il aurait été frustrant pour celui qui souhaite  s’impliquer, et avoir un impact dans le processus d’apprentissage de ses enfants, de ne pas pouvoir le faire.

Cela peut être la possibilité de participer aux réunions pédagogiques qui définissent les projets d’apprentissage, ou encore de venir directement amener une compétence ou un savoir lors d’ateliers spécifiques.

La création :

L’humain est-il fait pour créer ?

Souvent, on pense que les enfants sont trop jeunes pour créer des projets, à tort. Demandez-donc à des enfants de 10 ans de créer une pièce de théâtre, de faire un film, d’écrire une chanson, de FAIRE tout simplement, et regardez le résultat. Si on leur donne les bons outils et qu’on leur insuffle l’étincelle de départ, on peut être grandement surpris du résultat. Les enfants ont soif d’expériences, ils sont la créativité, ils vivent la vie au premier degré agissants par élans instinctifs. Dans la notion de création on retrouve l’aboutissement d’une œuvre, une œuvre tangible, palpable, que l’on peut admirer, ne pas aimer, juger, améliorer. Contempler sa création est un des vecteurs principal d’apprentissage dans l’éducation, c’est la matérialisation de son travail, c’est une idée qui est devenue matière, le fruit d’un raisonnement, de ses efforts, c’est la meilleure des leçons de vie et la plus grande des récompenses. On pense, on fait, on contemple, on intériorise, on en retire de la connaissance personnelle. Est-ce que j’ai aimé faire ça ? Est-ce que j’ai été capable de faire ça ? Est-ce que le résultat est à la hauteur de mes attentes ? Comment je me sens quand le présente aux autres ?

Conclusion :

On peut donc considérer que la connaissance amène la liberté, mais quelle connaissance pour quelle liberté ?

Quand l’objectif est d’acquérir des connaissances, quelles qu’elles soient,  nous devons nous questionner sur la pertinence des méthodes d’apprentissages, ne serait-ce que par considération pour la notion d’efficacité.

Le monde évolue vite, l’école doit pouvoir s’adapter et suivre le rythme des changements de paradigme à l’échelle globale. Permettre aux enfants de trouver leur place dans le monde de demain en leurs donnant un maximum d’outils cohérents et pertinents représente un enjeu de taille.  C’est le défi que souhaite relever l’école de Graines d’Orties.

Les avancées en neurosciences et les travaux des grands pédagogues reconnus nous ont permis de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau humain et les enjeux autours du développement de l’enfant. Ainsi aujourd’hui, nous avons une belle palette d’outils à disposition pour apprendre de manière plus efficace. Nous souhaitons donc : Remettre du sens dans tous les apprentissages, faire de l’école un lieu de vie où les connaissances théoriques sont en lien avec une pratique concrète. Accompagner l’enfant dans son développement global.

L’organisation structurelle est disponible sous l’onglet  » Présentation  ».