‘‘Connaître, c’est comprendre toute chose au mieux de nos intérêts. »
Friedrich Nietzsche
‘’ Qu’aurais-je voulu apprendre de l’école ? ‘’ ‘’ Comment aurais-je voulu que l’on me l’enseigne ? ‘’
Deux questions fondamentales
Il y a plusieurs chemins pour accéder à la connaissance, plusieurs degrés d’efficacité dans son acquisition et dans sa transmission.
En termes d’efficacité pure, il semble de plus en plus évident que plus un individu trouve du sens dans ce qu’il fait, plus il apprend efficacement. D’ailleurs, à partir d’un certain degré d’intérêt, le mot apprentissage devient désuet et l’individu intègre les connaissances sans s’en rendre compte. Nous avons tous des connaissances dans domaines qui nous passionnent, des connaissances que nous n’avons pas l’impression d’avoir dû ‘’apprendre’’, mais plutôt des connaissances que nous avons intégrées de manière tout à fait naturelle. Ce processus naturel d’apprentissage fait partie de l’humain, la faculté d’apprendre est innée.
Selon comment on s’y prend, on peut donc, soit soutenir ce processus naturel d’apprentissage, soit l’endiguer.
Lorsqu’on pense l’école, on devrait donc d’abord penser à comment soutenir ce processus naturel, et penser à comment exploiter la curiosité naturelle de l’enfant. Le fait d’adapter les apprentissages à des situations concrètes en lien avec la vie quotidienne de l’école permet de faire un lien direct entre théorie et application, et surtout, de donner de réelles compétences opérationnelles aux enfants.
On peut considérer qu’il y a deux grands volets dans la connaissance générale :
En premier il y a la connaissance théorique consensuelle de base proposée par l’école, celle qui permet de passer des diplômes reconnus et de s’insérer dans la vie active de façon plus ou moins pertinente.
Puis, en second, il y a la connaissance de soi-même et du monde qui nous entoure, qui s’acquière à travers l’expérience.
Et si on pouvait gagner en efficacité sur les apprentissages théoriques, tout en entreprenant l’apprentissage de soi et du monde par des activités adaptées ?
La question ouverte est alors : Comment imaginer l’école pour qu’elle permette cela ?
Le projet :
Apprendre à lire, à écrire et à compter sont des apprentissages fondamentaux. En plus de ces apprentissages, il y a les objectifs proposés par le plan d’étude roman (PER). Et à côté des objectifs du PER, il y a d’autres possibilités d’apprentissages qui sont liées à l’infrastructure disponible, aux enseignants disponibles, au temps disponible, et surtout, à la vision éducative de l’école.
Pour gagner en efficacité sur les apprentissages de base, l’école doit réussir à mettre du sens dans tous les apprentissages.
C’est quoi mettre du sens dans les apprentissages ?
C’est construire, dans la mesure du possible, les apprentissages autour d’une situation de vie concrète où l’enfant comprenne de lui-même pourquoi il est important qu’il acquière cette connaissance. C’est là tout l’enjeu de l’école.
Pour trouver du sens dans ce qu’il fait, l’enfant doit autant que possible de comprendre ce qu’il fait.
Lorsque l’on compare les formations d’enseignants et les formations d’éducateurs, on s’aperçoit qu’il y a un fossé entre l’accompagnement d’un enfant en dessous de 4 ans en structure d’accueil et un enfant en âge de scolarité à l’école. En effet, les éducateurs sont formés à accompagner l’enfant dans son développement personnel globale, que ce soit le cognitif, le moteur, la socialisation, la reconnaissance de ses émotions, les règles de vie, les valeurs morales, l’estime de soi, etc… Tout est centré sur l’identité et la développement globale de l’individu. Puis à 4 ans au passage à l’école, l’approche change fondamentalement. L’école priorise le développement intellectuel et y parvient partiellement. Le développement intellectuel est louable et souhaitable, mais non exhaustif puisque l’enfant doit être également être considéré dans sa dimension personnelle, l’un et l’autre allant de paire pour permettre à l’enfant d’apprendre efficacement. De gros efforts ont été fait ces dernières années concernant le contenu des programmes et les enseignants font un travail remarquable. Cependant, c’est bien la forme d’enseignement, la posture de l’enseignant et les outils y relatifs qui permettent d’aborder la dynamique de classe différemment.
Qui accompagne les enfants dans leur développement personnel ? Dans un monde idéal c’est évidemment aux parents de prendre une partie de ce rôle, et ils le font, bien entendu. Cependant toutes les familles ne disposent pas des mêmes ressources, en termes de temps disponible, de matériel ou encore de connaissances techniques sur le développement de l’enfant et de l’individu en général. Les parents sont aussi des supers héros, conjuguer vie de famille, vie privée et vie professionnelle avec l’éducation des enfants est un défi de taille.
A 4 ans donc, presque plus d’éducation, l’école transmet des savoirs, des connaissances, de façon plus ou moins efficace, et n’apprend pas à se connaitre soi- même, à poursuivre le chemin du développement de son identité. Pourtant, à 4 ans, l’enfant n’a pas fini de grandir, n’a pas fini de se développer. Au contraire, c’est là que tout commence, et plus ils grandissent, plus les enjeux éducatifs deviennent importants. Jusqu’à l’âge adulte, il y a beaucoup à comprendre sur soi et sur le monde environnant. Gérer son capital santé, ses relations sociales, gérer ses conflits, se relever d’un l’échec, apprendre la confiance en soi, la motivation, la détermination, se passionner, transmettre sa passion, développer ses valeurs morales, ses valeurs personnelles. Comprendre les enjeux du monde environnant, gérer ses finances, apprendre à entreprendre, apprendre à apprendre, etc.
La forme d’évaluation actuelle de l’enfant avec le système de notation nous permet de déterminer sa capacité à montrer qu’il a compris le contenu du cours sur un moment donné. Mais qu’en est-il du taux de rétention d’informations ? La bonne note permet-elle à l’enfant d’avoir compris en substance l’intérêt fondamental derrière le contenu du cours ? Est-ce que la capacité d’un enfant à montrer qu’il a compris le contenu d’un cours est une compétence pour lui-même ? Est-ce qu’apprendre à avoir des bonnes notes est une réelle compétence pour la vie en dehors de l’école ? Qu’en est-il de l’enfant qui ne réussi pas à avoir la bonne note ? Finalement, acquérir une connaissance ou une compétence en pouvant mesurer l’intérêt réel pour soi devrait être l’enjeu majeur de tout apprentissage. Ici encore, on retrouve l’importance de donner du sens aux apprentissages en les couplant autant que possible avec une activité ayant un lien réel et direct sur leur vie quotidienne
La réalité du quotidien :
Afin que l’enfant puisse trouver du sens dans ce qu’il fait, et dans sa vie en général, il doit comprendre la logique de l’organisation de son quotidien. Pourquoi je me lève tous les matins pour aller dans ce lieu ? Que vais-je y faire d’utile pour moi et pour les autres ? Pourquoi on me demande de faire ça ? Le sens derrière ces questions vient naturellement lorsque l’enfant comprend les enjeux derrière l’organisation du quotidien.
Ainsi, autant que possible l’enfant doit être impliqué dans la réalité de l’organisation de la vie de la structure. Plus on tisse de liens entre l’enfant et son implication dans son lieu de vie, plus l’enfant trouve du sens dans de ce qu’il fait.
Ainsi, en ce sens, un exemple d’outil parmi tant d’autres pour impliquer l’enfant dans l’organisation du lieu de vie peut être la participation ponctuelle ou régulière à certaines tâches essentielles pour le fonctionnement de l’école au quotidien.
Impliquer les enfants dans les processus de décisions de la vie de l’école, et de la vie de classe, c’est leur permettre de devenir acteurs de leurs apprentissages, et donc, acteurs de leur propre vie, ce qu’on leur souhaite pour plus tard évidemment.
Les Projets :
Proposer des heures projet est un moyen pertinent de remettre du sens dans les apprentissages. Autour d’un projet on peut développer plusieurs compétences opérationnelles. Ainsi, pendant les heures projet, l’école Graines d’Orties propose aux enfants de pouvoir concevoir et fabriquer des objets de leurs choix en supervision, d’apprendre une compétence de leur initiative avec le soutien de l’adulte, ou d’organiser un évènement. Tout ceci dans l’optique de prendre confiance en soi par la réalisation de projet, et d’acquérir des compétence.
Le plan d’étude roman :
Pourquoi suivre les objectifs du plan d’études roman ?
Un déménagement, un changement de projet ? L’enfant doit pouvoir en tout temps intégrer une autre école et s’y retrouver si d’aventure cela devait être le cas. Pour cette raison il est important d’avoir un socle commun au niveau fédéral, c’est d’ailleurs une prérogative pour les écoles privées en Suisse., voilà pourquoi l’école Graines d’Orties suit les objectifs du plan d’étude roman.
Autodétermination :
L’autodétermination est un concept employé dans le jargon éducatif et social. C’est la capacité d’un individu à faire des choix en pleine conscience de ce qu’ils impliquent pour lui-même. C’est la capacité d’un individu à faire des choix qui assureront son bien-être, de manière indépendante et autonome. Pour ceci, l’individu doit atteindre un degré suffisant de connaissance et d’autonomie.
Quelles connaissances et quelles compétences souhaite-t-on donner aux enfants pour leur permettre d’être autodéterminés dans le monde du 21ème siècle ? La compétence la plus précieuse semble être la capacité d’aller chercher la connaissance par soi-même, d’apprendre en autodidacte, et d’avoir une soif de connaissance pour le fonctionnement du monde qui nous entoure. Ainsi, à partir d’un certain degré de capacité à agir en autodidacte, l’individu peut atteindre ses objectifs de vie de manière autonome.
La capacité à être résilient, à s’adapter aux circonstances, à prendre les devants pour améliorer son quotidien deviennent des enjeux de plus en plus présents à mesure que le monde évolue. Nul ne sait de quoi sera fait demain, mais la liberté d’un individu est fondamentalement liée à sa capacité à comprendre les mécanismes sociaux, technologiques et économiques.
Les Pédagogies alternatives :
Maria Montessori ou Célestin Freinet ? De nombreux pédagogues ont apporté leur pierre à l’édifice de l’éducation, chacun à sa manière, avec leurs qualités et leurs défauts respectifs. Leur point commun était leur capacité à observer les enfants, à en tirer des conclusions par rapport à leurs propres observations et leurs propres expériences. C’est un processus de travail qui demande une grande liberté et une grande implication. Aujourd’hui, le meilleur moyen pour bâtir l’école la plus pertinente possible est de prendre ce qui nous parait le meilleur dans chaque pédagogie, et de laisser ce qui nous parle moins. Fort à parier que ces pédagogues qui ont marqués leur temps, comme tant d’autres aujourd’hui, n’ont pas voulu que l’on fasse de leur pédagogie quelque chose de figer, mais au contraire, quelque chose en mouvement. Le monde évolue, l’humain évolue, l’école doit s’adapter au changement de paradigme, car nous continuons de comprendre et d’apprendre sur nous-même et sur le monde qui nous entoure. La nature n’a pas fini de nous livrer tous ses secrets. Nous continuons d’apprendre sur le fonctionnement de notre cerveau et de nos organismes.
Dans la série dans grands pédagogues nous pourrions également citer Céline Alvarez pour son travail auprès des enfants, qui a notamment su intégrer l’étude des neurosciences dans ses travaux.
Howard Gardner, les intelligences multiples :
Howard Gardner a tenté de théoriser les types d’intelligence de l’individu. La bonne question à se poser est donc : L’école permet-elle de développer toutes ces intelligences de manière optimale ?
Nous pourrions citer encore Albert Einstein qui disait :
« Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide. »
Éducation à la vie :
Le choix le plus pertinent serait de dire que ce sont à tous les intervenants auprès de l’enfant de proposer des visions éducatives adaptées en fonction des stades de développement. Ainsi, la tenue d’une classe semble devoir être proposée par des personnes aux formations complémentaires. Un éducateur et un enseignant semble est certainement le minimum dont le groupe d’enfant a besoin.
Ainsi, dans la notion d’éducation on pourrait trouver : Apprendre à se connaitre soi-même, comprendre les émotions humaines, apprendre la communication, les relations sociales, les codes sociaux, la psychologie, la notion de respect, apprendre à développer une pensée critique, un ressenti, apprendre à gérer un capital, apprendre à entreprendre, apprendre à sentir ce qui nous anime, et enfin, apprendre à trouver sa place au sein d’un groupe.
L’école publique fait des tentatives en ce sens, mais cela morcelé en périodes qui sont décorrélées d’un projet global. Quand on organise l’école de façon à ce qu’elle soit un lieu de vie, chaque situation devient propice à un apprentissage, et l’enfant met de du sens derrière l’importance d’apprendre. L’intérêt d’apprendre vient lorsqu’on doit résoudre un problème qui est directement lié avec une situation concrète réelle du quotidien. » Je vois que je ne sais pas faire, je comprends pourquoi c’est important que j’apprenne à la faire ».
Le Jeu :
D’un point de vu primitif, le jeu est fondamental par nature. Chez toutes les espèces animales, la survie du jeune est liée aux compétences qu’il va développer par le jeu. Savoir courir et sauté, vont directement impacter ses capacités à chasser ou s’échapper, et donc, survivre. Chez l’homme, il semble tout autant naturel que les apprentissages passent aussi en partie par le jeu. Le jeu induit le mouvement, donc le développement psychomoteur, mais pas seulement. Tout le développement mental et cognitif ainsi que la capacité à résoudre des problèmes viennent de la capacité à jouer. Les enfants découvrent le monde par le jeu, ils sont naturellement programmés pour avoir envie de jouer. Leur développement dépend de leur capacité à jouer. L’attrait pour le jeu fait intrinsèquement partie de l’ADN humain, la curiosité et le plaisir étant associés pour aboutir à un apprentissage.
Il semble donc évident que le jeu doive occuper une place fondamentale dans le parcours scolaire d’un enfant, que ce soit le jeu de rôle, le jeu symbolique, le jeu sportif, le casse-tête, le jeu de société, le jeu de stratégie, le jeu libre, le jeu de coopération etc …
C’est la définition du mot ludique. A travers un jeu, l’enfant apprend sans s’en rendre compte, cherche à s’améliorer de lui-même, peut mesurer sa progression, et vivre des émotions.
S’il est amené intelligemment, le jeu est un formidable atout pédagogique.
Le temps de vie :
Si l’on considère le temps de vie de 0 à 18 ans comme le quart de la vie d’un être humain, cela représente une période non-négligeable en termes de proportion dans une vie. C’est 25%. Ce temps est donc précieux et a tout autant de valeur que n’importe quel autre temps. Il faut donc en prendre soin. Les expériences acquises pendant ce temps vont rayonner ensuite pour le reste de la vie de l’individu. Au plus tôt on acquiert une compétence, au mieux on perfectionne cette compétence au fil du temps. Au plus on a d’expériences, au plus on peut sentir ce qui nous fait vibrer en tant qu’individu et au mieux on peut sentir la voie que l’on souhaite emprunter. Le temps de vie 0 à 18 ans doit donc offrir des expériences riches de sens, riches d’émotions positives, c’est un temps de vie précieux. Il est difficile de demander à un enfant de choisir une voie alors qu’il a peu ou pas expérimenté la vie, l’école doit offrir de l’expérience.
La musique, et l’art en général :
Au-delà de l’importance de la musique en tant qu’art à part entière, véhiculant des émotions et inspirant les humains, la musique est aujourd’hui considérée d’un point de vue neuroscientifique comme un allié au développement de l’enfant.
En effet, l’art musical a un impact significatif sur le développement cognitif des enfants. Des études ont démontré que la musique contribue au développement de différentes compétences cognitives, notamment :
- La consolidation de la mémoire à long terme : La musique aide à renforcer la mémoire à long terme en associant des informations à des mélodies et à des rythmes.
- La stimulation de la créativité : La musique encourage les enfants à développer leur créativité en explorant la diversité des mélodies et des rythmes.
- Le développement de la coordination visuo-motrice: Les activités musicales telles que la percussion, le piano, la guitare etc contribuent à développer la coordination visuo-motrice chez les enfants.
- La promotion du développement linguistique : La musique aide les enfants à comprendre les mots et les sons, ce qui peut entraîner une amélioration de la compréhension de la langue.
- La stimulation de la compréhension mathématique : La musique est souvent structurée selon des rythmes complexes, ce qui peut aider les enfants à comprendre les concepts mathématiques.
En clair, le développement de l’intelligence est fondamentalement lié à la capacité de performer dans des arts. On peut l’expliquer de différentes façons mais si on se place du point du vue scientifique, les zones du cerveau liées à l’art sont interconnectées avec celles du cognitif, et se développent conjointement. Elles sont interdépendantes et ont besoin l’une de l’autre, comme toutes les zones du cerveau. L’humain doit ainsi être considéré d’un point de vue global.
Dans les arts, on pourrait également parler du théâtre qui est une formidable école de la vie, apprendre à s’exprimer est fondamental. Lors de l’étude de l’interprétation d’un personnage, c’est tout un processus d’analyse psychologique et sociologique qui se met en place.
Les 5 types d’apprentissages :
On distingue généralement 5 types d’apprentissages chez l’être humain.
- Apprentissage par essai-erreur: Les enfants apprennent en effectuant des actions et en constatant les conséquences. Si une action aboutit à un résultat souhaité, ils sont plus enclins à la reproduire dans le futur. Si une action aboutit à un résultat non souhaité, ils peuvent en tirer des leçons pour éviter de la reproduire à l’avenir.
- Imitation : Les enfants apprennent en imitant les comportements et les activités des personnes significatives dans leur vie, comme les parents et les frères et sœurs, les pairs, les enseignants…
- Apprentissage par observation : Les enfants peuvent apprendre en observant les actions et les conséquences des autres, sans nécessairement les imiter.
- Apprentissage par renforcement : Les enfants peuvent apprendre en réponse à des renforcements positifs ou négatifs, tels que des récompenses ou les sanctions.
- Apprentissage par l’expérience : Les enfants peuvent apprendre en vivant des expériences concrètes, telles que des activités pratiques en classe ou des excursions.
Les apprentissages doivent donc être organisés de manière à permettre à l’enfant d’explorer tous ces types d’apprentissage. Le matériel, les infrastructures, et les projets doivent donc être adaptés en conséquence.
L’enjeu de l’école pour le jeune enfant :
De toute évidence, du point de vue de l’enfant et de l’adolescent, l’enjeu de l’école n’est pas scolaire, mais SOCIAL. L’enfant vit sa vie d’enfant et les enjeux sont pour lui : prendre sa place au sein d’un groupe et développer sa personnalité. Comment l’école prend soin de ses aspects fondamentaux du développement de l’enfant aujourd’hui ? Le fonctionnement interne d’une classe favorise-t-il l’apprentissage de la socialisation ?
Lorsqu’on vient à l’école pour vivre une journée ensemble avec des objectifs communs, conçus autour de moments visant à favoriser les interactions, c’est là qu’on développe les apprentissages sociaux.
Les notes :
Attardons-nous sur la notion de note et sur ce qui se joue chez l’enfant. Qu’est-ce qui motive l’enfant à avoir une bonne note ? Le besoin de satisfaire l’adulte essentiellement ( professeur ou parent ). Et le fait de ne pas vouloir perdre ses amis en redoublant un niveau. Cela ne part donc pas du bon endroit, on passe à côté de la notion fondamentale de la motivation de base. Au lieu de se concentrer sur le côté fondamentalement intéressant d’un apprentissage, l’enfant va focaliser sur l’importance de la note, et donc, perd l’intérêt pour la connaissance au profit de l’intérêt pour la note.
En réalité, ce qui se joue actuellement est la situation suivante : l’enfant doit avoir des notes suffisamment bonnes pour passer les niveaux, sinon il redouble. Ce qui induit chez l’enfant un stress, non pas positif, mais un stress négatif, car les enjeux autour d’un redoublement sont sociaux, du point du vue des amitiés, mais aussi du point de vue du rapport de l’enfant à ses parents, en lien avec la notion de reconnaissance et d’exigence, reliée à la peur atavique d’être abandonné.
L’évaluation de l’enfant doit se faire de manière continue par ses enseignants. Les adultes enseignants doivent savoir où en est dans l’enfant dans l’acquisition de ses compétences par l’observation directe et l’évaluation. Chaque enfant doit être suivi individuellement dans l’acquisition de ses connaissances, et être guidé de manière individuelle quand c’est nécessaire avec des activités qui lui sont spécifiquement adaptées.
Ne pas mettre de note ne signifie pas ne pas évaluer. Si le but d’une évaluation est de permettre à l’enseignant de connaitre le niveau de l’enfant, il est tout à fait possible de le faire sans donner une note à l’enfant qui induira un jugement de valeur. L’évaluation doit permettre de repérer les lacunes chez l’enfant et de pouvoir lui donner les outils en conséquence pour combler ses lacunes. Ceci permettant d’amener chaque enfant au niveau souhaité.
L’art d’enseigner c’est aussi savoir pousser un enfant à sortir de sa zone de confort, à dépasser son niveau actuel et à progresser dans le respect de son intégrité.
L’organisation structurelle de la classe qui doit permettre aux enseignants d’avoir des moments en individuel ou en petit groupe avec les enfants.
Le rythme de l’enfant:
Il est facilement compréhensible de concevoir que tout un chacun évolue à son propre rythme, ainsi, que se passe-t-il lorsque qu’on essaie de tout apprendre à tous les enfants en même temps ?
On freine ceux qui serait capable d’aller plus loin, et on va trop vite pour ceux qui aurait eu besoin de plus de temps pour comprendre.
Lorsque que l’on fait du sur mesure, on permet à l’enfant d’exploiter son rythme d’apprentissage à son plein potentiel.
L’Élève en position d’enseignant :
Avez-vous déjà observé un enfant prendre soin de plus petit que lui ? Parfois cela se fait de manière naturelle, d’autres fois, l’adulte peut initier cela, en demandant au plus grand de prendre soin d’un plus petit. Par exemple, de l’aider à mettre sa veste lors de l’habillage ou de lui expliquer quelque chose.
Quand l’alchimie prend entre les deux enfants, l’enfant qui aide en retire généralement une grande satisfaction personnelle, une grande fierté en termes de responsabilité acquise, la fierté et la valorisation personnelle étant des moteurs principaux dans la vie. L’enfant qui reçoit l’aide se sent rassuré, entouré, se sent en lien avec ses pairs et trouve du sens dans les enjeux autour du mot ‘’ grandir ‘’.
Le fait de devoir expliquer quelque chose à quelqu’un, implique que nous devions nous-même l’avoir bien assimilé, et tandis que nous l’expliquons, nous perfectionnons notre compréhension de la connaissance en question. C’est ce processus qui se joue lorsqu’on met l’enfant en position d’enseignant. Être en position d’enseignant, c’est aller un peu plus loin la connaissance. Albert Einstein disait encore : ‘’ On ne peut expliquer simplement quelque chose que l’on n’a pas compris ‘’. En transmettant une connaissance, en la rendant accessible à la compréhension, c’est le moyen de s’assurer qu’elle est bien assimilée pour soi-même.
L’implication des parents :
Sans aucune obligation, la possibilité est offerte aux parents, chacun à sa mesure, de pouvoir s’impliquer dans la vie de l’école et d’agir directement sur le cursus scolaire de ses enfants. Il aurait été frustrant pour celui qui souhaite s’impliquer, et avoir un impact dans le processus d’apprentissage de ses enfants, de ne pas pouvoir le faire.
Cela peut être la possibilité de participer aux réunions pédagogiques qui définissent les projets d’apprentissage, ou encore de venir directement amener une compétence ou un savoir lors d’ateliers spécifiques.
La création :
L’humain est-il fait pour créer ?
Souvent, on pense que les enfants sont trop jeunes pour créer des projets, à tort. Demandez-donc à des enfants de 10 ans de créer une pièce de théâtre, de faire un film, d’écrire une chanson, de FAIRE tout simplement, et regardez le résultat. Si on leur donne les bons outils et qu’on leur insuffle l’étincelle de départ, on peut être grandement surpris du résultat. Les enfants ont soif d’expériences, ils sont la créativité, ils vivent la vie au premier degré agissants par élans instinctifs. Dans la notion de création on retrouve l’aboutissement d’une œuvre, une œuvre tangible, palpable, que l’on peut admirer, ne pas aimer, juger, améliorer. Contempler sa création est un des vecteurs principal d’apprentissage dans l’éducation, c’est la matérialisation de son travail, c’est une idée qui est devenue matière, le fruit d’un raisonnement, de ses efforts, c’est la meilleure des leçons de vie et la plus grande des récompenses. On pense, on fait, on contemple, on intériorise, on en retire de la connaissance personnelle. Est-ce que j’ai aimé faire ça ? Est-ce que j’ai été capable de faire ça ? Est-ce que le résultat est à la hauteur de mes attentes ? Comment je me sens quand le présente aux autres ?
Conclusion :
On peut donc considérer que la connaissance amène la liberté, mais quelle connaissance pour quelle liberté ?
Quand l’objectif est d’acquérir des connaissances, quelles qu’elles soient, nous devons nous questionner sur la pertinence des méthodes d’apprentissages, ne serait-ce que par considération pour la notion d’efficacité.
Le monde évolue vite, l’école doit pouvoir s’adapter et suivre le rythme des changements de paradigme à l’échelle globale. Permettre aux enfants de trouver leur place dans le monde de demain en leurs donnant un maximum d’outils cohérents et pertinents représente un enjeu de taille. C’est le défi que souhaite relever l’école de Graines d’Orties.
Les avancées en neurosciences et les travaux des grands pédagogues reconnus nous ont permis de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau humain et les enjeux autours du développement de l’enfant. Ainsi aujourd’hui, nous avons une belle palette d’outils à disposition pour apprendre de manière plus efficace. Nous souhaitons donc : Remettre du sens dans tous les apprentissages, faire de l’école un lieu de vie où les connaissances théoriques sont en lien avec une pratique concrète. Accompagner l’enfant dans son développement global.
L’organisation structurelle est disponible sous l’onglet » Présentation ».